par Mathilde APPY, étudiante du Master 2 Droit des médias électroniques
Dans un monde où l’information circule à une vitesse vertigineuse, un phénomène inquiétant ne cesse d’émerger : la désinformation entourant la mort de personnalités publiques.
Qu’est-ce que la désinformation ?
On entend par désinformation la diffusion délibérée de fausses informations dans le but de tromper ou de manipuler l’opinion publique. Elle peut être propagée par des individus, ou bien des groupes.
La désinformation peut être utilisée à diverses fins, notamment pour discréditer des personnalités, influencer des élections, semer la confusion dans l’opinion publique, générer des réactions émotionnelles, ou promouvoir des idées particulières. Avec l’avènement des médias sociaux et d’Internet, la désinformation se propage rapidement, touchant un large public en un temps très court.
Les réseaux sociaux comme source de rumeurs planétaires
Twitter est un aimant pour les actualités et les opinions de tous bords, réelles et fausses tout comme Internet qui regorge de faux rapports sur la mort de nombreuses célébrités. Cette forme de fausses informations est plus ancienne qu’il n’y paraît, mais elle a connu un important développement avec les réseaux numériques.
Il y a quelques jours, l’actrice et comédienne française Mimie Mathy est devenue encore la cible d’un hommage sur les réseaux sociaux. Tout a commencé avec le message suivant : « Mimie Mathy vient de nous quitter. RIP. », posté sur une plateforme de microblogging. La rumeur s’est rapidement répandue sur Internet. Une heure plus tard, un nouveau tweet affirmait : « Décès de Mimie Mathy, confirmé par les proches de l’humoriste ». Afin d’amplifier l’impact de cette annonce, ce dernier tweet était assorti d’un lien dirigeant vers le site Nécropédia, bien que ce dernier précise que Mimie Mathy n’est en réalité pas décédée.
En mai 2023, Jean-Luc Reichmann a également été la cible de désinformation. En consultant ce qui s’était dit sur lui pendant le week-end, l’animateur des 12 coups de midi avait appris sa mort.
Au début de l’année 2023, Stéphane Plaza a lui aussi été victime d’une fake news. L’agent immobilier avait révélé avoir été victime d’une effroyable rumeur circulant sur internet, annonçant son décès dans une vidéo titrée « Le présentateur de télévision Stéphane Plaza est décédé à l’agonie ».
Il est important de souligner que la propagation de telles annonces erronées ont un impact sur les droits de la personnalité et peuvent avoir des répercussions psychologiques et émotionnelles importantes.
La lutte contre la désinformation : un enjeu majeur dans le contexte de l’information numérique
De plus en plus présente dans les médias sociaux, et parfois aussi dans les médias traditionnels, la désinformation fausse la possibilité d’un débat public raisonné et raisonnable sur les questions et les enjeux auxquels est confrontée toute société.
C’est pour cela que de multiples lois ont vu le jour afin de tenter d’encadrer ce phénomène, en commençant par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui fixe les règles et les limites en matière de diffamation, d’injure, et de propagation de fausses nouvelles. Certains articles de cette loi peuvent être mobilisés pour lutter contre la désinformation.
La loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN), qui encadre les responsabilités des acteurs de l’internet, prévoit notamment la responsabilité des hébergeurs vis-à-vis des contenus qu’ils diffusent, mais elle offre également des mécanismes pour signaler et retirer rapidement des contenus illicites.
La loi du 20 juin 2018 relatives à la protection des données personnelles (RGPD), bien que principalement axée sur la protection des données personnelles, le RGPD peut également jouer un rôle dans la lutte contre la désinformation, notamment en ce qui concerne la diffusion de fausses informations impliquant des personnes.
Et plus récemment, la loi du 22 décembre 2018 contre la manipulation de l’information dite loi « Fake News », donne aux autorités le pouvoir de suspendre ou bloquer l’accès à un site diffusant de fausses informations, sous certaines conditions.
Malgré tout, la lutte contre la désinformation soulève des questions complexes liées à la liberté d’expression, et la vigilance est nécessaire pour trouver un équilibre entre la prévention de la désinformation et la préservation des droits fondamentaux.
Sources :
Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique
LOI n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles
La loi du 22 décembre 2018 contre la manipulation de l’information