ARCADI GAYDAMAK SE PRESENTE COMME REPRENEUR OFFICIEL DE FRANCE SOIR

L’avenir du quotidien France Soir a pu paraître bien incertain ces derniers temps. En redressement judiciaire depuis le 31 octobre, le journal a vu se succéder une foule de repreneurs potentiels devant les tribunaux.

La plupart des offres ne manquaient pas d’inquiéter les syndicats de journalistes ; ils y voyaient un certain « amateurisme », surtout de la part d’entreprises n’ayant aucune expérience des médias et de la presse, et dont on peut craindre le manque de pragmatisme, et surtout la recherche effrénée du profit. Une ultime offre, présentée comme acceptée alors même que d’autres candidats sont encore en lice, vient de tomber pendant le mois.

Elle est issue de l’homme d’affaires Arcadi Gaydamak, propriétaire du groupe Moscow News. Ce dernier a en effet annoncé, le 13 mars, avoir pris définitivement le contrôle du quotidien. Il n’en est en fait rien (officiellement) ; une offre a seulement été déposée au Tribunal de commerce de Lille dès le 16 mars. L’actuel propriétaire du journal, Ramy Lakah, a immédiatement confirmé l’offre reçu du très controversé milliardaire israélo-russe.

En effet, accusé d’avoir participé à un sinistre trafic d’armes entre la Russie et l’Angola, M. Gaydamak a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par la France. L’intéressé affirme n’avoir pourtant jamais pris part à une telle activité ; il concède néanmoins que l’argent tiré de ses ventes de pétrole angolais aient pu servir à un tel trafic. Quoi qu’il en soit, l’opération de rachat de France Soir, lancée officiellement le 13 mars, se ferait à distance pour ce nouveau candidat, lequel évite encore le sol français, de peur d’être immédiatement incarcéré.
De telles allégations peuvent paraître de très mauvaise augure pour les salariés du quotidien !

Pourtant, les offres faites par M. Gaydamak sont sensiblement plus intéressantes pour ces derniers que celles de ses concurrents. Le repreneur entendrait ainsi prendre à sa charge toutes les dettes dont France Soir est accablé. Au-delà, un plan de continuation et de redynamisation serait lancé, portant notamment sur la rédaction, grâce à une mise de fonds de 6 millions d’euros, dont 2 à investir immédiatement. De surcroît, aucun plan de licenciements ne semble envisagé au sein de ces mesures.
On croît rêver à la lecture de telles propositions. Elles semblent à prendre très au sérieux, au vu de moyens dont dispose l’homme d’affaires.

Pour l’instant, le Tribunal, dubitatif, n’a pas encore rendu sa décision. Reportée au 29 mars, puis au 07 avril, celle-ci est attendue impatiemment par les salariés de France Soir. Dans l’attente, les juges ont demandé plus d’éclaircissements sur l’offre en question.
Mais pour M. Gaydamak, tout semble déjà fini. Il se définit comme étant désormais le seul propriétaire légal de France Soir. Selon l’entretien qu’il a accordé au Monde le 29 mars, les médias français s’évertueraient à dissimuler la réalité de la reprise, qui serait acquise depuis le 13 mars. Il ajoute de plus que le Tribunal se penche actuellement sur de simples questions de recouvrement des créances, n’ayant plus aucun doute sur l’identité du repreneur.

La décision du 07 avril confirmera … ou infirmera ces insinuations quelque peu présomptueuses.
Sources :
http://www.lemonde.fr ;
http://permanent.nouvelobs.com .

Philippe MOURON