LA VIDEO A LA DEMANDE : ENTRE INQUIETUDES ET ESPOIRS POUR L’INDUSTRIE CINEMATOGRAPHIQUE FRANÇAISE

L’essor de la vidéo à la demande (VOD) est concomitant de celui du haut débit, et de la pratique du téléchargement, qui a popularisé le concept de SOD (See On Demand), sur lequel repose le VOD. Ses avatars les plus récents sont les sites tels You Tube, ou encore la technologie du Podcasting.

La vidéo à la demande (de l’anglais video on demand : VOD) est une technique de diffusion de contenus vidéo numériques bidirectionnelle (interactive) offerts ou vendus par les réseaux câblés, ou sur Internet.
Ici, l’utilisateur va pouvoir acheter des films ou des émissions de télévision par l’intermédiaire de son ordinateur ou d’un décodeur numérique. Ces émissions, stockées sur des serveurs, sont mis à la disposition du consommateur pour une durée limitée. Les contenus proposés (et protégés) sont généralement payants et peuvent être acquis à l’unité ou en utilisant un « forfait de téléchargements ». L’achat des films ou des émissions de télévision s’effectue de manière dématérialisée, sur Internet, par l’intermédiaire d’un ordinateur ou d’un décodeur numérique.

Outre le fait que l’achat porte sur un contenu purement numérique sans aucun support matériel – ce qui n’est pas sans poser quelques interrogations sur le devenir d’autres aspects de la production de contenus culturels, le packaging notamment – la véritable innovation provenant de ce type de service réside dans la possibilité offerte à l’utilisateur de s’affranchir de contraintes d’espace et de temps : il a la faculté de visionner le programme de son choix, au moment où il le souhaite, et non à « heure fixée » comme cela est de coutume pour les programmes télévisés, ou les séances de cinéma. Il le fera, en outre, depuis son domicile. Les programmes proposés peuvent être de différentes natures comme le divertissement (film, émission…), l’éducation (vidéos de formation) ou encore la vidéoconférence.
Conscient des enjeux financiers d’une telle révolution technologique, de nombreux acteurs du monde de l’audiovisuel – qu’ils soient producteurs de contenus, bailleurs de fonds, ou experts en technologies de l’information, voire simplement « ados » ayant eu l’inspiration, comme cela est le cas pour les fondateurs de You Tube – vont s’intéresser à ce type de communication audiovisuelle. Les fournisseurs d’accès internet (Club Internet, Free…), les sites spécialisés (youtube, google video…) et les chaînes de télévision ont créé leurs propres sites d’offre de vidéos, prenant souvent le relai d’autres opérateurs ayant par le passé proposé sur leur bouquet satellite des systèmes d’acquisition dématérialisés de contenus audiovisuels ; c’est le cas de Canal + avec Canal Play, TF1vision : la vidéo à la demande du groupe TF1 ou encore M6vidéo le service VOD de la chaîne éponyme.

Ces évolutions, ne sont pas sans impacts sur l’industrie du cinéma français. Cette question était au cœur des débats des rencontres cinématographiques de l’ARP (société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs) qui se tenaient au palais des congrès de Dijon du 26 au 29 Octobre.
Car les interrogations sont nombreuses et complexes : la question des droits d’auteurs, les conséquences économiques pour les exploitants de salle et les propriétaires de location de vidéos, le frein à la création, la répartition des profits d’une telle industrie sur les aides à la production cinématographique.

Face à ces interrogations, de nombreux réalisateurs, Costa Gavras en tête, ont vivement réagi, au nom de la profession, face aux risques que peut susciter ce nouveau type d’offre. Parmi ceux-ci, l’accent a été porté sur un éventuel assèchement des sources de financement du cinéma, ainsi, par voie de conséquence, qu’un appauvrissement de la création elle-même. Par certains aspects, en effet, la politique de prix très agressive de certains FAI ou de certains Webmarchands, n’hésitant pas à offrir certains programmes cinématographiques à des prix dérisoires, peut apparaître comme une menace contre les modes traditionnels de diffusion cinématographique.

En ce sens, Véronique Cayla, directrice du CNC (centre national de la cinématographe) a tenu à rassurer les professionnels du cinéma en tenant un discours sécurisant basé sur l’intégration des FAI au système de régulation en vigueur. La volonté de faire des prestataires de vidéo à la demande de véritables partenaires ouvre des perspectives intéressantes en matière de soutien financier pour de nouvelles œuvres cinématographiques.
La balle est dans le camp du législateur national puisque c’est à lui que revient de prendre la décision d’intégrer ces nouveaux acteurs de la diffusion cinématographique dans le quorum des bailleurs de fond de cette industrie. De plus, cette intégration par la loi permettrait de contrôler en amont l’activité des FAI, en unifiant leur statut à celui du droit commun.

En outre, un examen précis de la fréquentation des salles de cinéma – en hausse constante, notamment grâce aux multiplexes – et de la stratégie commerciale des loueurs de films – qui proposent également des systèmes de location à la demande – permet de tempérer quelque peu les craintes des professionnels du cinéma.

Sources :
http://www.domoclick.com
http://www.wikipedia.org
http://www.google.fr/news

Benjamin REIX.