LA DIFFICILE REFORME DE LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE INDEPENDANTE

Le rapport de la mission sur la remise à plat des relations producteurs-diffuseurs devrait être remis cette semaine à la ministre de la Culture.

M6 craint des conclusions trop favorables aux producteurs audiovisuels dans ce rapport confiée en octobre par Christine Albanel, au directeur de France Culture, David Kessler, et à l’ex député Dominique Richard.
Les déclarations de la ministre de la Culture assurant qu’ « il faut que les producteurs indépendants continuent à être puissamment soutenus», ne semblent pas aller vers un assouplissement des obligations d’investissement des chaines dans la production. Celles-ci sont réglementées par les décrets dits « Tasca » de 2001. Les chaines sont ainsi tenues d’investir 16% de leur chiffre d’affaires dans des œuvres audiovisuelles dont deux tiers doivent être commandés à des producteurs « indépendants » de la chaine. Celle-ci n’achète que le droit de diffusion. Elle ne détient donc pas une part de coproduction de l’œuvre.

A l’heure où les grandes chaines hertziennes voient leur audience se fragmenter, et les modes d’exploitation des programmes dans lesquelles elles ont investi se multiplier (vidéo à la demande, rediffusion sur Internet…), M6, France Télévisions et Canal + espéraient voir baisser à 50% la part réservée à la production indépendante.

Ces chaines réclament plus de souplesse dans la diffusion des œuvres qu’elles ont financées et la possibilité d’être coproducteurs, intéressés aux bénéfices des exploitations futures d’une œuvre. Les producteurs indépendants ne sont pas d’accord mais sont néanmoins prêts à concéder aux chaines une portion des recettes des exploitations secondaires. De plus ils ont reçu le soutien a priori inattendu de TF1 qui réclame, directement à l’Elysée, une baisse de l’obligation d’investissement en œuvres de 16% à 12% de son chiffre d’affaires pour améliorer sa marge. Quitte à investir quasi exclusivement en production indépendante.
La stratégie de TF1 est cependant jugée court-termiste par d’autres diffuseurs.

Avec la diffusion accrue des contenus sur de multiples réseaux, les vrais actifs audiovisuels de demain seront d’avantage les programmes que la chaine généraliste. D’où la tension entre producteurs et diffuseurs.

Sources :

La Tribune (article de Isabelle Repiton)

Cécile RAFIN