DES MEDICAMENTS BIENTOT EN VENTE LIBRE DANS VOTRE MAGASIN D’ALIMENTATION

Qui aurait pu échapper à la diffusion, le mois d’avril dernier, de la publicité des centres E. Leclerc plaidant pour la vente des médicaments non remboursés dans ses grandes surfaces ? Alors que celle-ci avait été refusée par le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) (qui n’a, rappelons-le, qu’un avis consultatif), au motif que cette dernière véhiculait un message politique, les groupes TF1 et M6 avaient décidé de passer outre cet avis.
Michel-Edouard Leclerc, patron des supermarchés en cause, déclarait, lors d’une conférence de presse tenue jeudi 3 avril, qu’il proposerait une baisse de 25% du prix des médicaments si ceux si étaient distribués dans ses magasins. Cette déclaration avait provoqué l’indignation de la par de l’Ordre national des pharmaciens. Jean Parrot, son président, avait aussitôt répondu qu’il ne fallait pas confondre « médicament et marchandise, pharmacien et chef de rayon, pharmacie et magasin ».
Dans ce climat tendu, l’on comprend aisément pourquoi l’avis du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) était attendu avec autant d’impatience, tant de la part des centres E. Leclerc que des pharmaciens, ou encore des chaînes de télévisions. Grande première pour le CSA, qui n’avait pas encore été appelé à se prononcer sur une campagne de publicité d’un groupe de grande distribution depuis janvier 2006, date de l’arrivée des spots publicitaires d’enseignes de la grande distribution à la télévision. Une première fois synonyme de satisfaction pour les uns, ou laissant un goût amer pour d’autres. Le CSA, lors d’une assemblée plénière extraordinaire, le 4 avril dernier, décida effet de ne pas s’opposer à la diffusion de la publicité litigieuse, allant ainsi dans le sens de TF1 et M6.
Par ce communiqué, le CSA estimait d’une part qu’il ne s’agissait pas d’une publicité politique, d’autre part, que ce spot ne portait pas atteinte à l’image de l’industrie pharmaceutique ou de la profession de pharmacien. Selon ses termes, « (…) Après des entretiens avec le Bureau de vérification de la publicité, il (Le CSA) a considéré que le spot ne présentait pas le caractère d’une publicité politique, interdite par la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, et que sa diffusion sur les antennes n’était pas contraire au décret du 27 mars 1992 ».

Suite à cette annonce, le BVP décida finalement de ne plus déconseiller ce spot publicitaire en ne manquant pas de saluer le « changement de doctrine », désormais moins restrictive du CSA et plus adaptée, selon le BVP, au nouveau paysage de la publicité télévisée et à ses nouveaux acteurs, en l’occurrence, la grande distribution.
A partir du mois de mai en France, 226 spécialités médicamenteuses délivrées sans ordonnance, parmi lesquels on compte l’aspirine ou encore le paracétamol, devraient être vendues en libre-service devant le comptoir des officines.
Source :
CSA

Flore Benhamou