LA CRISE FINANCIERE AFFECTE-T-ELLE HOLLYWOOD?

L’industrie du cinéma s’appuie sur de forts investissements résultant de crédits importants. Pour les studios comme pour les entreprises en général, la crise financière rendra le crédit plus rare et plus cher. Il faudra pour les réalisateurs et les scénaristes présenter des projets encore plus convaincants pour obtenir les sommes nécessaires à la production.

Du fait d’un taux de rentabilité par film proche de 15 % en moyenne, l’engouement des banques pour le cinéma n’a jamais faibli.
Mais depuis les premiers signes de crise, les banques se retirent discrètement et celles qui sont restées deviennent de plus en plus exigeantes, poussant les studios à se tourner vers d’autres investisseurs.
Prenons l’exemple de Steven Spielberg, patron de Dreamworks, qui a négocié un apport en capitaux de 500 millions de dollars auprès d’un conglomérat indien. Cet accord est soumis à la condition d’éponger les dettes de la compagnie avec le soutien des banques. Jamais une telle condition n’aurait été exigée d’un des poids lourds du cinéma américain il y a quelques mois.
De même, les réductions budgétaires touchent aussi le secteur indépendant. Les studios Warners Bros, ont réduit les effectifs et les budgets de New Line. Le projet de relance du légendaire studio United Artists au sein de MGM est en difficulté.

Si la fréquentation du cinéma n’a pas faibli aux États-unis durant l’année 2007 avec 1,47 milliards d’entrées, les spécialistes s’accordent sur les risques de récession et de repli des consommations culturelles, qui apparaissent comme des variables d’ajustement lorsque le pouvoir d’achat baisse.

Avec l’assèchement des crédits, Hollywood connaît donc une rentrée maussade, venant s’ajouter à cela un évènement sans lien apparent, la grève des scénaristes. Selon certaines sources informelles, on estime a 20 % la baisse de production des films.

Toutefois, cette conjoncture peut avoir des effets inattendus. En effet, certains studios risquent de perdre le soutien d’investisseurs, réduisant ainsi le nombre de film, ce qui pourrait assainir un secteur ayant tendance à la surproduction.

Face à cette crise, des réductions d’impôts de plus de 470 millions de dollars sont prévues sur une dizaine d’années pour les producteurs de cinéma et de télévision ayant décidés de tourner sur le sol américain. La somme apparaît dérisoire comparativement au coût moyen d’un film (106,6 millions de dollars) mais amènera certainement les productions à petit budget à localiser leurs tournages et à sauver ainsi des emplois locaux.

Enfin, et c’est paradoxal, les crises financières sont synonymes de record d’affluence en salle si l’on se réfère aux chiffres datant de 1929. Toutefois, le contexte n’est évidement pas le même.

Les scénarios s’appuyant occasionnellement sur des histoires vraies, plusieurs studios seraient en train de plancher sur un film relatant l’histoire de traders indélicats en pleine crise boursière. Un pied de nez comme seul Hollywood sait le faire !

Sources :

www.lemonde.fr
www.lefigaro.fr
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Alexandre BABAYAN