LA GUERILLA DES CHAINES DE TELEVISION POUR LA DIFFUSION DU FOOT : MECANISMES ET PROFITS POUR LES CHAINES, REALITE POUR LE TELESPECTATEUR.

Le droit de la LFP(1) dans le choix des différents opérateurs de diffusion de la Ligue 1, est aussi complexe que lucratif.
Il faut savoir que parmi les candidats, il y a neuf opérateurs : Canal +, Orange, France Télévision, SFR, TF1, M6, Direct8, Eurosport et Daily Motion. Les règles de concurrence sont simples ; chaque candidat fait une offre financière, celui qui propose la plus haute et qui possède le plus de notoriété et de savoir faire, se voit accorder la diffusion. Mais c’est le découpage des « lots » de diffusion qui s’avère le plus complexe. En effet, il y a 12 lots, les trois premiers sont dits « premium », les diffuseurs choisis peuvent diffuser les matchs des plus belles affiches de la saison, les matchs du samedi et dimanche soir, en exclusivité. Se suivent le lot multiplex, le lot magazine et le lot mobile qui par exemple pour ce dernier, donne le droit de diffuser sur le portable les matchs de l’après midi, hors ceux du lot premium.
En ce qui concerne l’attribution des matchs de l’équipe nationale, TF1 a été choisi pour diffuser tous les matchs de l’équipe de France se déroulant en France. Pour les matchs à l’étranger, se sont les Fédérations étrangères qui choisissent. L’usage veut que se soit la FFF(2) qui achète le match aux Fédérations étrangères qui ensuite le revend à TF1, c’est ce montage qui permet à la Fédération de prendre une marge au passage.
Pour bien comprendre ces mécanismes, il faut se rendre compte des sommes générées par ces transferts, qui entraine un marché ouvert et évolutif, permettant aux chaines de télévision de retransmettre le football, qui représente 13% de l’offre de programmes en France pour 32% d’audience globale.
C’est pourquoi l’enjeu est devenu crucial pour l’économie des chaînes, autant que l’argent de la télé pour les clubs. Par exemple, Canal+ à versé 600 millions d’euros par saison entre 2005 et 2008. Cela représente plus de la moitié des ressources des clubs. Le mercredi 2 février 2008, la LFP a décidé d’attribuer les droits de diffusion à Orange et Canal+ pour une somme de 668 millions d’euros annuels pour les quatre prochaines saisons. Les deux opérateurs voient leurs droits partagés et Canal+ perd ainsi l’exclusivité acquise lors des saisons précédentes. Et l’enjeu est de taille, sur le nombre total de ses abonnés, 23% ne s’abonnent que pour le football. Canal+ a décroché 9 lots sur 12 pour 460 millions d’euros.

En conséquent, Orange n’est pas en reste puisque dans les trois lots qu’il obtient pour 203 millions d’euros se trouve le premium, celui qui concerne les 38 matchs du samedi soir. Les deux autres concernent la diffusion mobile et VOD, gagnée au détriment de SFR.
Pourtant si l’argent dépensé pour les droits audiovisuels augmente d’années en années, le football français y perd en visibilité. En désignant Canal + et Orange pour l’ensemble de ses droits, et notamment ses magazines, la Ligue 1 fait une croix sur les chaînes en clair et sur une exposition auprès du grand public.
Et cette guerre qui s’impose au sein des opérateurs dans cette course à l’audimat ne fait pas l’affaire du consommateur. Ce dernier, loin de ces débats n’a qu’une inquiétude ; pouvoir regarder son football, or le répartition des têtes d’affiches se retrouve payante dans les deux cas. En effet, les choix fait par la LFP enterrent définitivement la diffusion publique au profit du privé. Ainsi pour regarder la Ligue 1, vous devrez donc forcément être abonné à Canal+, ou avoir pour opérateur téléphonique ou fournisseur d’accès Orange.
Le Conseil de la Concurrence a décidé le 23 janvier 2003 dans une affaire TPS contre Canal + ; que Canal n’avait pas à avoir l’exclusivité de la diffusion car cela est contraire au marché et aux règles de concurrence. Or pour le consommateur, il n’y a aucun intérêt à payer deux chaines différentes, pour regarder un même match.
Pour conclure, on peut s’interroger sur les règles de choix et de concurrence que la LFP impose aux diffuseurs et si l’exclusivité ne servirait pas plus les téléspectateurs qui sont pourtant les premiers acteurs de ce football business lucratif?

(1)LFP : Ligue Football Professionnelle
(2)FFF : Fédération Française de Football

Sources:

http://www.fff.fr/

http://www.moovie.fr/index.php/2008/02/01/canal-orange-droits-de-retransmission-du-foot-lhistoire-se-rpte-avec-de-nouveaux-acteurs/

Fanny ESCARGUEL