Google actualité fait référence des articles de presse. À ce titre, des organes de presse estiment que le travail des journalistes participe au financement de Google et des ses concurrents. Cela est vivement critiqué dans la mesure où le trafic des sites de presse dépend de 30 à 40% du moteur de recherche. Les éditeurs de presse ont alors exigé que la société américaine paie des droits voisins du droit d’auteur au titre des importants bénéfices publicitaires qu’elle réalise en référençant leurs titres et articles.
Ainsi, depuis début le mois de décembre, les directeurs de presse et les représentants de la société Google se sont réunis jusqu’à plusieurs fois par semaine avec un médiateur nommé par le gouvernement, Marc Schwartz, du cabinet Mazars. La France demandait au géant américain de redistribuer une partie de ses profits à la presse en ligne, faveur que Google refusait jusque-là.
Un accord de 60 millions d’euros
Ce n’est que le 1er février 2013 qu’un accord « historique » a été conclu entre Google et l’Élysée. Cette rencontre entre François Hollande et Eric Schmidt, président de la société américaine, a abouti sur la création d’un fond de 60 millions d’euros dédiée aux entreprises de presse alors que jusqu’là, il ne souhaitait pas excéder 50 millions d’euros. Par cette décision Google s’engage ainsi à aider les éditeurs de presse.
L’accord repose sur deux points distincts, précisé par le porte-parole du groupe américain : d’une part les accords commerciaux avec les éditeurs pour « les aider à accroître leurs revenus en ligne » en utilisant les « technologies publicitaires » du groupe ; d’autre part, la création d’un « fonds d’innovation pour la presse de 60 millions d’euros, pour soutenir les initiatives numériques innovantes ». Ce fonds « sélectionnera des initiatives prometteuses qui permettront de faire émerger en ligne de nouveaux contenus digitaux ». Cet accord commercial permettra d’accélérer la transition numérique.
Concernant le secteur visé par l’accord, la ministre de l’Économie numérique, Fleur Pellerin, a précisé sur son compte Twitter qu’il couvrait la presse d’information générale et politique y compris les « pure-players ». Elle poursuit en écrivant que « le fonds financera des projets de modernisation / transaction numérique ». Cela exclut donc la presse dite de divertissement ou récréative (hebdomadaires de programmes télévisés, magazines people, presse sportive ou féminine etc.).
La question de la répartition du fonds
Toutefois, il serait intéressant de savoir comment ce fonds va t-il être réparti ? Selon Louis Dreyfus, directeur du quotidien Le Monde, Google ne répartira pas les financements. Toutefois, il ajoute que « la clef de la répartition est en effet la grande question quand on sait qu’il existe en France 140 titres répondant à la définition de la presse d’information politique et générale… ».
Le fonds courra sur trois ans et sera constitué en mars. Un conseil d’administration sélectionnera avant l’été des projets proposés par les éditeurs. Ce conseil se composerait des membres du géant américain, d’éditeurs de presse et de personnalités indépendantes dont Marc Schwartz qui précise que les versements seront progressifs.
« Une somme peu importante pour Google mais significative pour la presse »
Selon Frédéric Filloux, directeur général en charge du numérique aux Échos, « ce n’est pas cet accord qui va sauver la presse, mais cela permet à tout le monde de faire la paix avec tout le monde ». Celui-ci considère qu’il « faut travailler avec Google ». « 60 millions, ce n’est pas une somme importante pour Google, mais c’est significatif pour la presse ». En effet, cette somme représente moins de 5% de son chiffre d’affaire supposé en France, compris entre 1,25 et 1,4 milliard d’euros.
Avec cet accord, Google échappe ainsi à une rémunération récurrente et fait bonne figure vis-à-vis du gouvernement. En effet, l’Élysée surveille attentivement les agissements de la société américaine, particulièrement dans les secteurs de la fiscalité, de la protection des données personnelles et de la concurrence. À ce titre, François Hollande avait annoncé qu’en cas d’échec des négociations avec Google, une loi pourrait intervenir pour lui imposer une taxe (la fameuse « taxe Google »). Cet accord pourrait donc permettre une sorte de rémunération équitable à ce que Google pourrait payer comme impôt.
Sources :
ANONYME, « Editeurs et Google : 60 millions pour enterrer la hache de guerre », LePoint.fr, publié le 2 février 2013, consulté le 3 février 2013 : http://www.lepoint.fr/societe/editeurs-et-google-60-millions-pour-enterrer-la-hache-de-guerre-02-02-2013-1623106_23.php
ANONYME, « Accord Google : «Une loi aurait été une erreur »», le JDD.fr, publié le 17 février 2013, consulté le 18 février 2013 : http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Accord-Google-Une-loi-aurait-ete-une-erreur-interview-592006
ANONYME, « Rémunération des médias : Google et la France signent un accord », LeMonde.fr, publié le 2 février 2013, consulté le 13 février 2013 : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/02/01/negociations-en-cours-entre-google-et-les-patrons-de-presse_1826134_651865.html
BERRETTA (E.), « Presse : Google verse un chèque de 60 millions d’euros », LePoint.fr, publié le 1er février 2013, consulté le 3 février 2013 : http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/presse-google-s-en-sort-par-un-cheque-de-60-millions-d-euros-01-02-2013-1622962_52.php
BERRETTA (E.), « Louis Dreyfus : « l’accord avec Google ne sauvera pas la presse » », LePoint.fr, publié le 2 février 2013, consulté le 3 février 2013 : http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/louis-dreyfus-l-accord-avec-google-ne-sauvera-pas-la-presse-02-02-2013-1623139_52.php
KARAYAN (R.), « L’accord entre Google et la presse est-il vraiment gagnant-gagnant ? », L’Express.fr, publié le 4 février 2013, consulté le 15 février 2013 : http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/l-accord-entre-google-et-la-presse-est-il-vraiment-gagnant-gagnant_371262.html
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