Les produits de la société Nest arrivent en France. Cette société rachetée par Google pour 3,2 milliards de dollars nous introduit à la maison du future, ou à la maison « consciente » selon Lionel Paillet, le directeur général de Nest pour l’Europe. Le terme de maison « consciente » est en effet préféré au terme de maison « connectée » bien que la société vende des objets connectés à internet par Wi-Fi. Les produits de la société Nest sont des best-sellers aux Etats-Unis, ils ont réussi à séduire par leur promesse d’apporter plus de confort et surtout une économie d’énergie pour l’utilisateur. Le temps nous dira s’ils auront le même succès en France.
Un lancement au timing adéquat pour des produits attirants et prometteurs
Nest promet que l’utilisateur réalisera jusqu’à 31% d’économie sur sa facture d’énergie en utilisant le thermostat Nest puisque ce dernier étudie toutes les habitudes du logement. Le thermostat s’adapte en effet au style de vie de son utilisateur à l’aide d’une « auto-programmation personnalisée », à des capteurs de mouvement, d’humidité, de température et grâce à l’analyse des conditions météorologiques rendue possible par la connexion de l’objet au réseau Wi-Fi. L’utilisateur peut contrôler de partout son thermostat depuis son mobile, sa tablette ou son ordinateur.
Ce thermostat serait donc intéressant pour l’économie énergétique des ménages français. Toutefois il ne sera pas accessible à tous immédiatement, notamment parce que tous les chauffages ne sont pas compatibles avec ce produit.
Le détecteur de fumée Nest a vocation à avoir un certain succès puisqu’il arrive en France dans un timing parfait. En effet, la loi n° 2010-238 du 9 mars 2010 visant à rendre obligatoire l’installation de détecteurs de fumée dans tous les lieux d’habitation va s’appliquer à partir de mars 2015. Une telle mesure se justifie par la centaine de morts due aux 250 000 incendies domestiques recensés en France chaque année. Le détecteur de fumée Nest indique ce qui est détecté et dans quelle pièce cela est détecté en avertissant l’utilisateur par une voix, des couleurs puis par une alarme. Cette technologie communique avec l’utilisateur, ce qui peut se révéler efficace pour prévenir un départ d’incendie en le situant précisément. En matière de sécurité, la communication pourrait être la clef.
Une maison trop connectée, inquiétante pour le respect de la vie privée et le traitement des données personnelles
La société Nest souhaite créer une maison « intelligente » parce que connectée à internet, cependant la maison reste un lieu privé dans lequel chacun a droit l’intimité et à la tranquillité. En connectant des objets reliés à des habitudes de vie à internet, on risque d’exposer des données de sa vie privée à une exploitation non voulue. Le thermostat est toujours connecté au Wi-Fi, les produits Nest enregistrent et chiffrent les données personnelles de l’utilisateur telles que sa consommation d’énergie, ses réglages de température, son adresse e-mail ou encore sa localisation.
Lionel Paillet se veut rassurant et affirme, tout comme cela est affirmé sur le site de Nest, que les informations de l’utilisateur ne seront jamais « vendues ou louées ». Les données seraient stockées de manières cryptées et Google n’y aurait pas accès. En principe, sans l’accord de l’utilisateur, aucune de ses données ne pourront être utilisées à des fins commerciales ou de marketing, conformément aux exigences de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL). Cette dernière estime toutefois « qu’il existe toujours un risque de piratage ».
La sécurité des informations récoltées risque de s’effriter, Nest s’est en effet associée à d’autres sociétés telles que Whirlpool afin de connecter entre eux certains objets des deux sociétés, sur décision de l’utilisateur. Cette connexion entre différents objets vendus par des sociétés différentes peut affaiblir la protection des données personnelles.
La future maison « intelligente » permettra à Google de récolter toujours plus d’informations sur les consommateurs et ce phénomène n’est pas prêt de s’arrêter au regard de son acquisition de la société Dropcam pour 555 millions de dollars. Dropcam propose des petites caméras elles aussi reliées à internet qui permettent de surveiller son intérieur depuis son téléphone ou sa tablette. En possédant de telles sociétés et de tels objets connectés à internet et à nos modes de vie, Google pourra introduire des publicités toujours plus ciblées. Notre intérieur sera bientôt un lieu hyper-connecté à défaut de rester secret.
SOURCES :
MANENTI (B.), :
- « Comment Google saura tout ce que vous faites dans votre maison », Le nouvel observateur, mis en ligne le 23/06/14, consulté le 14/10/14 http://obsession.nouvelobs.com/high-tech/20140623.OBS1360/comment-google-saura-tout-ce-que-vous-faites-dans-votre-maison.html
- « Nest arrive en France : bienvenue dans ‘la maison consciente’ », Le nouvel observateur, mis en ligne le 18/09/14, consulté le 13/10/14. http://obsession.nouvelobs.com/high-tech/20140917.OBS9447/nest-arrive-en-france-bienvenue-dans-la-maison-consciente.html
- « Nest : ‘nous ne partageons pas d’informations sur nos clients’ », Le nouvel observateur, mis en ligne le 18/09/14, consulté le 13/10/14. http://obsession.nouvelobs.com/high-tech/20140918.OBS9603/nest-nous-ne-partageons-pas-d-informations-sur-nos-clients.html