La presse espagnole souhaitait que Google paie une redevance pour utiliser ses divers contenus à travers ses services tels que Google News. En réponse à cette atteinte, le parlement local a mis en place une nouvelle loi qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2015. A l’annonce de cette nouvelle, la réaction du géant américain à entraîner une panique générale chez les éditeurs de presse espagnols. En effet, la société américaine a décidé de fermer Google News, ne souhaitant pas payer la taxe. Ce retrait, programmé pour le 16 décembre prochain fait déjà l’effet d’une douche froide pour les professionnels de la presse qui souhaite trouver un accord afin de faire revenir la firme américaine dans leur pays.
La création de la « taxe Google » : l’échec Espagnol
La presse traditionnelle semble souffrir de plus en plus de l’explosion du numérique. En effet, lorsqu’on étudie le comportement du consommateur, on s’aperçoit que ce dernier va rechercher l’information sur Internet voir sur les moteurs de recherche au détriment de la presse papier.
Google à travers son service d’information, met en ligne les différents articles de presse parus dans les trente derniers jours ; englobant ainsi un contenu de plus de 25 000 éditeurs. La page d’accueil du service fournit environ les 200 premiers caractères des articles ainsi que les liens vers leurs grands contenus. Or, il semblerait que la majorité des Internautes se contentent des extraits mis en ligne par Google, n’éprouvant pas le besoin de se diriger vers les sites de presse. La conséquence de ce phénomène est néfaste pour les entreprises de presse qui tout en perdant de l’audience, perdent également des annonceurs. C’est pour cette raison que la presse souhaite à travers le droit d’auteur pouvoir pallier à ce manque de financement. Le droit d’auteur permet de créer une exclusivité pour celui qui est à l’origine de l’article et fait ainsi parti intégrante du financement de la presse. A ce titre, Google s’est vu opposer de nombreux litiges concernant la violation des droits d’auteurs. En effet, la culture européenne considère que le fonctionnement des moteurs de recherche via la reproduction des titres et extraits des articles, violerait ces droits.
La mesure prise par l’Espagne entre dans le cadre d’une nouvelle loi sur la propriété intellectuelle adoptée fin octobre par le parlement espagnol. Elle est à l’origine d’une association des éditeurs des quotidiens espagnols dite AEDE. Cette dernière a eu l’idée d’instaurer une taxe dite Canon AEDE. Malgré son nom officiel, « taxe Google », la redevance concerne aussi bien Yahoo News que les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter. En effet, elle exige de l’ensemble des sites web, de type agrégateurs d’informations, utilisant du contenu de la presse espagnole de payer ladite taxe. C’est le 1er janvier 2015 que devrait être mise en application la Canon AEDE. Cependant, en réaction à cela, le responsable du service actualité du moteur de recherche, Richard Gingras a annoncé que le service Google News fermerait ses portes en Espagne. Cette annonce a eu l’effet d’une bombe en Espagne, entraînant une panique générale, or cela ne devrait pas être considéré comme une surprise puisque Google avait déjà exprimé ses intentions durant la procédure législative.
Le géant américain considère qu’il n’a aucune redevance à payer, ne gagnant pas d’argent via la mise en ligne des divers extraits provenant de la presse espagnole. C’est la raison pour laquelle, avant même le 1er janvier 2015, date d’entrée en vigueur de la nouvelle législation, le service a décidé de ne plus être accessible.
Le géant américain : légendaire vainqueur de toutes les batailles
L’AEDE à l’origine de la loi souhaite désormais se tourner vers l’Etat et l’Union Européenne afin de trouver un accord pour éviter le départ de Google en invoquant « la protection des droits des citoyens et des entreprises ». De plus, elle précise que les grands perdants seront au final les médias eux-mêmes qui perdront du trafic sur leur page. Il s’agit d’un véritable retournement de situation qui montre encore une fois la toute puissance du mastodonte américain. L’AEDE le décrit elle-même à ce jour comme « l’authentique porte d’accès à Internet ».
D’autres pays tel que l’Allemagne et la Belgique se sont retrouvés perdants dans leur tentative de bras de fer avec Google. En effet, les conséquences du litige pour le patron du groupe de presse Axel Springer furent très néfastes. Le trafic de ses principaux titres avait baissé de 40% avec la perte de 80% du trafic généré par Google News. De ce fait, les revenus ont chuté avec une perte de 100 000 euros par jour et par site. Le groupe Allemand s’est avoué vaincue notamment en prononçant cette phrase : « Google n’a pas besoin de nous, mais nous avons besoin de Google ». La presse allemande accepta les conditions du moteur de recherche afin que son contenu réapparaisse dans le fil d’actualité. Quant à la Belgique, les éditeurs de presse belges ayant été déférencés pendant trois jours dans Google News en 2011, ils avaient fini par abandonner le projet de redevance. En France, les éditeurs de presse n’avaient pas souhaité aller jusqu’à la rupture. Après des négociations avec Google, un accord avait été signé le 13 février 2013 entre François Hollande et Schmidt, président de Google. Ce contrat engageait le moteur de recherche à verser 60 000 euros pour aider les éditeurs de presse dans leur mutation numérique. Entrée en vigueur le 1er août de la même année, la loi sur les droits voisins impose aux moteurs de recherche de s’acquitter d’un droit de licence s’ils utilisent des contenus tout en autorisant à en présenter des petits extraits gratuitement.
Ainsi, le combat contre le Goliath de la toile semble perdu d’avance. Sa position dominante lui donne aujourd’hui une place telle que le géant américain est indispensable pour chaque pays de l’Union Européenne.
SOURCES :
ANONYME, « Le combat d’un grand patron de presse allemand contre le Goliath ‘Google’ », lemonde.fr, publié le 17 avril 2014, consulté le 15 décembre 2014, <http://mobile.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/04/17/le-combat-d-un-grand-patron-de-presse-allemand-contre-le-goliath-google_4403032_3236.html>
ANONYME, « Fermeture de Google News en Espagne », lemonde.fr, publié le 11 décembre 2014, consulté le 15 décembre 2014, <http://mobile.lemonde.fr/economie/article/2014/12/11/fermeture-de-google-news-en-espagne_4538263_3234.html>
ANONYME, « La presse espagnole veut conserver Google News finalement », znet.fr, publié le 15 décembre 2014, consulté le 15 décembre 2014, <http://www.zdnet.fr/actualites/la-presse-espagnole-veut-conserver-google-news-finalement-39811325.htm>
SAMAMA (P.), « Google News Espana a fermé : un coup dur pour Google et les éditeurs », publié le 16 décembre 2014, consulté le 16 décembre 2014, <http://www.01net.com/editorial/637166/un-jour-avant-sa-fermeture-les-media-espagnols-regrettent-deja-google-news/>
ANONYME, « Fermeture de Google News en Espagne : si tu reviens, j’annule tout », publié le 15 décembre 2014, consulté le 17 décembre 2014, <http://www.begeek.fr/fermeture-de-google-news-en-espagne-si-tu-reviens-jannule-tout-155694>